L'inconnu du grand canal by Leon Donna

L'inconnu du grand canal by Leon Donna

Auteur:Leon, Donna [Leon, Donna]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman policier
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 2014-03-05T23:00:00+00:00


20

Cette fois, tous deux montèrent à l’arrière de la voiture. Même s’il ne faisait pas spécialement chaud, Brunetti et Vianello baissèrent les vitres et s’assirent, la tête appuyée contre le siège, pour laisser l’air les envelopper. Le chauffeur, conscient qu’il se passait quelque chose qui lui échappait, garda le silence mais eut la présence d’esprit d’appeler la questure avec le téléphone de la voiture et de demander qu’un bateau vienne les chercher à leur arrivée à Piazzale Roma.

Sur le chemin du retour, ils traversèrent une paisible campagne, qui se préparait à accueillir l’abondance de l’été. Les arbres portaient leurs premiers bourgeons verts prêts à se métamorphoser, comme par magie, en feuilles. Brunetti rendit grâce à la nature pour cette verdure et ses promesses. Les oiseaux – Brunetti les reconnut mais ne put les nommer – étaient perchés au milieu des pousses vertes, et se racontaient les uns les autres leur vol récent vers le nord.

Ils ne remarquèrent pas les villas cette fois, seulement les voitures qui venaient en sens inverse et celles qui les doublaient, pour se retrouver dans la file devant eux. Ils ne parlèrent pas non plus ; ni entre eux, ni au chauffeur. Ils laissèrent le temps au temps, sachant que le temps effacerait certains de ces souvenirs. Brunetti prêta de nouveau attention au paysage. Comme c’était joli, pensait-il. Quelles jolies choses poussaient ici : des arbres, de la vigne, qui se réveillaient tout juste du sommeil de l’hiver ; même l’eau, coulant dans le fossé sur le côté de la route, aiderait bientôt les plantes à retrouver la frénésie de la vie.

Il se retourna pour voir les voitures qui suivaient et ferma les yeux. Après un bref instant, la voiture s’arrêta et le chauffeur lui dit : « Nous voici arrivés, commissaire. » Brunetti ouvrit les yeux et aperçut le guichet de l’ACTV et, par-delà, l’eau et l’embarcadère du vaporetto no 2.

Vianello était déjà en train de sortir de l’autre côté de la voiture lorsque Brunetti remercia le chauffeur et ferma la portière doucement. Il était content de voir Vianello dire quelque chose au conducteur. L’inspecteur sourit, frappa légèrement du plat de la main le toit du véhicule et se dirigea vers l’eau.

Ils descendirent les marches et prirent sur la gauche, où ils virent l’assistant de Foa en train de parler avec un chauffeur de taxi, tout en gardant les yeux sur l’endroit où ils étaient censés apparaître. À la grande surprise de Brunetti, le jeune homme était exactement le même que quelques heures plus tôt. Le chauffeur porta la main à sa casquette, mais ce pouvait être aussi bien un geste de reconnaissance amicale qu’un salut officiel : Brunetti espérait que ce soit le premier.

Le chauffeur s’avança pour lui tendre le Gazzettino de ce matin-là, plié et coincé derrière le volant. Mais Brunetti avait besoin d’horizon, de couleur, de beauté et de vie, et pas des lignes serrées de mots imprimés, si bien qu’il n’esquissa pas le moindre mouvement pour le prendre et le conducteur se pencha pour mettre le moteur en marche.



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